L’amour de Dieu est-il vraiment pour nous?

N’ayez de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel, car celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi. St Paul, Épître aux Romains, 13,8

Notre Catéchisme actuel affirme, en corollaire de la condamnation par l’Église des actes génitaux homosexuels, que la « propension » de l’homosexualité est « objectivement désordonnée ». Cet enseignement est très problématique. Comme nous le savons tous, la sexualité est fondamentale pour notre humanité. Elle englobe bien plus que les expériences génitales, car elle a un impact sur nos relations fondamentales avec les autres. L’enseignement du catéchisme finit par laisser entendre que la capacité des personnes non hétérosexuelles à établir des relations avec elles-mêmes et avec les autres est corrompue à la base. Mais si les personnes LGBT sont fondamentalement déficientes dans leurs relations avec les autres, comment peuvent-elles aimer ou être aimées par quelqu’un? Comment peuvent-elles même faire l’expérience de l’amour de Dieu pour elles?

La réponse, bien sûr, est que les personnes LGBT sont capables d’aimer, et elles le font. L’enseignement est tout simplement erroné et, pire encore, il est nuisible. Il pousse certains catholiques LGBT à vivre dans un état angoissé de remise en question de chacun de leurs gestes. Je crains que certains catholiques LGBT ne soient jamais vraiment capables de « goûter et voir comme est bon le Seigneur » (Psaume 34,9), non pas à cause de leur sexualité, mais parce que l’enseignement actuel de l’Église leur fait comprendre qu’ils ne peuvent pas faire confiance à leur propre capacité de reconnaître, de donner et de recevoir de l’amour.

Rendons grâce à Dieu que le Saint-Esprit répandu si abondamment à la Pentecôte n’a jamais été trouvé exclusivement dans les déclarations des documents de l’Église. L’Esprit n’est pas scellé dans un catéchisme. Nous sommes nous-mêmes scellés par le Saint-Esprit, et nous qui sommes impliqués dans la défense des LGBT pouvons assurer à ceux qui ont été traumatisés par l’enseignement de l’Église que l’amour de Dieu pour eux n’est pas « trop beau pour être vrai », qu’il n’est pas tenu à distance par ce que Dieu a fait d’eux, et qu’il n’est pas une énigme qu’ils doivent passer leur vie à essayer de résoudre de manière tortueuse.

Nous qui avons fait l’expérience de l’amour de Dieu, qui n’est pas ‘trop bon pour nous’, nous devenons les prophètes de l’évangile de l’amour, l’amour de Jésus-Christ, l’amour qui est notre pain quotidien. Nous pouvons l’annoncer sans relâche et passionnément. Nous arrivons à aimer comme Dieu nous aime. Et cela, dit saint Paul, est la seule chose que nous nous devons les uns aux autres.

Chris Kellerman, SJ, 6 septembre 2020